Frédéric Ohlen, écrivain-poète, a animé au collège de La Roche à Maré des ateliers d’écriture et de lecture dont les résultats sont épatants. Illustration avec la classe de 5e SEGPA.
L’homme, charismatique, impressionne les dix élèves présents en les mettant au défi d’écrire un poème. Comment le pourraient-ils ? Ils ne sont pas écrivains et la langue française leur donne encore du fil à retordre… Frédéric Ohlen propose un sujet : la disparition d’un caboteur devenu légende à Maré, la Monique. Pour mettre les enfants en condition, un clip récent, conçu sur le même thème par le Groupe Vocal et le graphiste Fly, est visionné. L’émotion est palpable, les jeunes élèves sont comme hypnotisés par cette histoire qu’ils redécouvrent sous cette forme très artistique. Ils sont prêts à se livrer. L’atelier peut commencer…
Frédéric Ohlen trace un tableau… au tableau. Tout en haut, les mots qu’évoque la Monique pour chacun : mémoire, navire, mer, voyage. Les élèves doivent trouver ensuite quatre noms, quatre verbes, quatre adjectifs pour illustrer ces quatre axes. Et puis, deko sheu sheu… Pas de déploration ici, pas de larmes… Le titre et l’esprit du futur poème sont trouvés.
Sous nos yeux incrédules, les enfants laissent aller leur imagination et lancent des mots tels que racines, horizon, turquoise, ténébreuse, déferler… Simultanément, Frédéric Ohlen encourage, mime, accompagne sans faire à leur place. En un rien de temps, plus de cinquante termes jaillissent. Chaque élève doit maintenant en choisir quatre et composer sa phrase. Vague après vague, on assiste à la naissance d’un poème, épatant, émouvant, dès la première lecture.
Le chagrin navigue sur l’horizon turquoise
J’ai découvert les îles solides du souvenir
J’ai visité de magiques pays
Des peuples indigo
[…]
L’atelier se poursuit par des exercices de diction où les pauses et les intentions suggérées font ressortir la musicalité de chaque mot, de chaque vers. Petit à petit, les rires gênés laissent place à la concentration, à l’envie de bien faire, au plaisir de clamer. Chacun a intégré la méthode de respiration présentée par l’écrivain pour libérer son stress. Les élèves brûlent de se produire, dès qu’ils auront mémorisé les quelques lignes qui leur reviennent dans la récitation collective à venir.
Le lendemain, ils interprètent leur texte sous le faré du collège devant un petit auditoire. Joséphine Jewine, leur professeur de français se dit « fière et heureuse du résultat » et suggère comme prochaine étape de « mettre leur poème en musique pour la fête de fin d’année ».
Mise à jour : 10 mai 2016